Suite à certaines demandes, je vais vous raconter en détail comment se passe un voyage de camion typique. Je prends l'un de ceux de cette semaine.
Début décembre, la tempête de marde blanche vient juste de passer, Midi je recois un appel de on devine qui: « Es-tu disponible, j'aurais de quoi... » Je dis oui malgré tout. J'aurais de quoi à White Plain dans l'état de New York, ce serait un voyage de tapis de caoutchou, on a 3 vans dans la cours vous partireriez à 3.
cool. Partir à plusieurs faisait longtemps que j'avais fait ça mais bon ça fait différent. Normalement quand on a plusieurs voyages qui s'en vont à la même place et à la même heure on voyage ensemble, on peut se parler et c'est plus sécurisant et c'est le temps d'en profiter alors que le voyage est déjà prêt dans la cours dont pas de niaisage d'avoir à aller le chercher ou à attendre.
3h30 Je me pointe au terminal, elle me donne les papiers(ce qu'ils appellent le bill of lading, bref le papier pour le client et l'autre qu'il faut qu'il signe, la carte etc avec comme pick up pour seules informations « Stratford » et un no de PO. Mais c'est tout ce que ça demande car c'est une place où on va souvent. Pendant ce temps les 2 autres chauffeurs arrivent, le premier est aussi prêtre et le deuxième, un gars de mon âge que ni lui ni le camion je l'avais vu avant bien qu'il porte l'emblême de la compagnie.
Le temps de transborder mon stock (vêtements, bouffe non périssable, paperasse, GPS et téléphone cellulaire dont la batterie était encore à plat et que j'ai branché sur l'extention du chauffe moteur le temps que je me prépare. Je fais la ronde de sécurité de ce fleuront qu'est cet Inter 2004 rouge vin, 775 000 km au compteur (si on avait ça sur nos voitures!) transmission manuelle 13 vitesses, moteur Cummins 475 bref il a fier allure.
Les autres chauffeurs font de même. Sort le camion et évidement tout les misères du monde à « piner » la remorque parce que c'est plein de glace en dessus et que les roues patinent sacrée hiver (et où j'ai même eu de la misère à refermer le coffre à outils mais je finis par être capable et merci au sel donné par un client la veille. L'un des autres chauffeurs lui a eu de la misère à sortir du trou.
On finit finalement par prendre la route une heure plus tard direction Champlain. Ouf ils roulent vite pogné en arrière de 4 roues dans le traffic et je finis par les perdre... tant pis, je connais le chemin.
Arrivé à la douane de Champlain « Do you have any person or animal with you? » no i'm alone, one pet just in front of me. » je blague évidement j'ai pas dit ça. « you're all set » la phrase qui fait tjrs plaisir qui veut dire « tu peux sacrer ton camps » quand tout est envoyé électroniquement c'est bien simple passer. Un peu sec dans cette courte intervention mais bon on est à Champlain. Malgré tout passé rapidement sans attendre comme quoi les récentes rénovations sont efficaces.
Et là je rejoins les 2 autres qui m'ont attendu et on repart et là on commence à entendre des potins familiaux avec bien des coliss et des tabarnak (c'est incroyable comment ça parle mal des fois) si bien qu'on me dit qu'on va se parler sur un autre canal.
On roule, contrairement à bien des Québécois, on arrête pas à Plattburgs et on file tout droit pour un bon 3 heures avant de s'arrêter au truck stop de la sortie 16 sur la 87 à Saratoga Spring, le plus gros que j'avais vu à date. Au resto je commande des crèpes 3.09$ très abordable et finalement, portion à peine moins grosse que l'autre jour à Bangor, au lieu d'en bouffer, le cinquième, j'en ai bouffé le tier mais j'ai quand même fait la passe au sirop d'érable.
On jase de tout et de rien, l'une des serveuses, on se demande même si c'est une femme ou un homme et on repart plus d'une heure plus tard, wow, un lunch de 2 heures chaud, faisait longtemps que j'avais eu ça c'est cool quand on peut partir de bonne heure.
Reprise de la route un autre 3 heures sans histoire avant de s'arrêter à l'un des derniers endroits trustables où on peut s'arrêter avant le client, la halte de Medona sur la 87. Bien du monde tout juste si on réussi à stationner nos 3 grosses vans en attendant que d'autres sacrent leur camps. Le soir, je rentre dans la bâtisse et qu'est-ce que je vois? Une annonce sur le babillard: « disparue: Cédrika Provencher » je l'avais déjà vu dans le Vermont mais rendu aux abord de New York City, c'est fort. Minuit 30, dodo! Le tout dans mon sac de couchage dans la couchette du camion.
8h30 le lendemain on repart, rendez-vous à 11h on veut être ponctuel et juste pour dire qu'on a notre 8 heures légal de repos (c'est supposé être 10 mais bon on peut dire que notre 2 heures de souper compte là dedans, les subtilités). Passe le pont de la 287 et après 23.50$ là c'est 27$ de poste de pasyage juste pour passer ce putain de pont, et il paraît qu'il y a un supplément juste parce qu'on est en 53 pieds (les plus longues des remorques standards) Vais garder les reçus bien précieusement. La compagnie m'avait donné 100$ US pour ça.
Finalement on arrive chez le client à 9h30, une école secondaire! Facile à trouver mais on se retrouve devant 3 autres vans d'une autre compagnie avec la même cargaison, wow 6 vans qu'ils ont fait venir! Et évidement pas équipés pantoute pour décharger des vans pas de dock, c'est slow motion et les rues pas adaptées pantoute, mettons qu'on a embarqué sur les chaînes de trottoir et fait des traces dans le gazon pas encore couvert de neige mais bon pas le choix. C'est assez rare qu'on livre dans des écoles.
Bref eu le temps en masse d'être sur le comas avant de pouvoir repartir vers 3h30 de l'après midi! Voyage un peu hors norme à date. Normalement c'est plus court que ça surtout que je fus le dernier à être déchargé, les autres sont repartis et je ne serai pas à temps pour le pick up à Stratford car ils ferment à 4h donc soirée passée bien tranquille à un truck stop sur la 95 dans le Connecticut en attendant le lendemain dans le milieu on appelle ça un « layover » plus relaxe mais prend une journée de plus, c'est juste la 3e fois que ça m'arrive, ça donne un gros 35$ whee. J'étais déjà bien heureux de pouvoir me stationner car il y a du monde. Malgré tout pas trop pire, j'ai pris le temps de bouffer un bon spagatt, de me dégourdir les jambes et même de faire un peu de lecture dans ma niche à chien. Avec évidement les 2 fenêtres fermées car les 2 zoufs de chaque côté ont laissé tourner leurs moteurs toute la nuit (une chance que j'ai un chauffage intégré fonctionnant un peu comme les chaufferettes au gaz des coccinelles autrefois, laisser tourner un moteur de camion au ralentit 10 heures de temps non mais quelle farce, j'aurais un gros problème de conscience)
Le lendemain, c'était un 10 roues qui laissait à côté tourner le moteur et j'ai pu y voir 3 personnes dormir dedans en avant, 2 hommes et une femme et plaque du Tenessee. Wow!
7h30 je pars donc pour le centre de tri à Stratford, encore de la « waste » de papier comme ils disent qu'on ramène à Abitibi-Bowater. Mais bon là bas à part la balance que c'est dur embarquer dessus, ils sont bien cools et c'est un endroit où ça va bien surtout que là on laisse une remorque sur place qu'ils font quand on a le temps, je laisse donc la vide là et je reparts avec la pleine et les papiers et merci bonsoir. Ça c'est la belle vie... Malgré tout une van complète de papier reste à savoir on sauve combien d'arbres avec ça et on va en chercher jusqu'en Caroline des fois!
Je ne me suis pas fait demandé cette fois s'il y avait de la neige à Montréal mais combien de temps ça prenait. Le mexicain me montre alors son porte clé à l'effigie de l'oratoire St-Joseph, spécial de voir ça dans le Connecticut et il en manque pas une pour plugger des mots français par ci par là alors qu'entre eux ça parle en espagnol.
Prêt à partir je sors donc du terrain du centre de tri pour regagner l'autoroute qui n'est pas loin (on a cet avantage là, les clients sont souvent près des autoroutes... sauf dans le Maine ;) ) Dernier virage à droite avant l'autoroute, un dernier coup d'oeil dans le rétroviseur dont le soleil arrive en plein dedans, c'est tout juste si je vois une forme inhabituelle.... Wow un 4 roues qui est là où il n'y a pas d'affaire, ça finit en coup de frein sec et envoye, fous le camps de là. Hey, le placard « caution wide right turn » c'est pas pour rien!
Mais juste avant, j'envoie les infos à la compagnie via le système satellite du camion et là je la vois venir... même si je pars d'un des endroits les plus lointains je m'enligne pour arriver de bonne heure et elle va bien être tentée de me faire repartir... et bien une demie heure plus tard: « j'aurais un Augusta... » bon ok... je dis oui surtout que c'est une de mes « runs » préférée; donc on s'enligne pour revenir OPC car il y a un putain de log book alias livre de menterie qui préfère qu'on travaille 14 heures en ligne pour arrêter 10 heures et faire 14.5 heures et 9.5 heurse pour prendre une pause d'une demie heure c'est moins bon. On peut jouer des fois en déplaçant des heures mais il y a des spots checks qu'on peut pas jouer car ça laisse des traces comme le passage aux douanes ou dans un poste de payage ou une livraison où ils marque l'heure d'entrée et de sortie sur les papiers.
Mais le retour se passe bien. Aucun trafic à Hartfort, arrêt symbolique de 15 mins à la halte de Springfield Vermont à mi-chemin où je recontre les mêmes camions que j'ai vu au centre de tri plus tôt.
Rendu dans le coin de Burlington bizarrement je trouvais le paysage enneigé très très beau... la neige déjà là ne me dérange pas du tout, c'est celle qui tomber qui fait c....
Arrivé aux douanes maintenant, procédure quand on a de la « waste » aller voir le courtier en douane ou comme ils disent « broker » dans un bureau l'autre bord de la rue avant avec les papiers, elle va nous remettre d'autres papiers pour passer les douanes. Mais bon je suis plus tôt que d'habitude et Nancy, celle qu'on voit normalement n'a pas encore commencé sa journée et l'autre qui est là est un peu moins gentille mais bon elle me fait le papier quand même.
« de quoi à déclarer? » 2 laits au chocolat, « êtes-vous seul? » « depuis quand vous êtes parti » ça se résume à ça et plock plock, le son des 2 étampes sur les papiers qui est l'équivalent canadien du « you're all set »
Et là en chemin, l'embrayage commence à glisser ouf pas le temps de niaiser alors que je dois repartir. Retour au terminal à 4h15, je remets les papiers de retour et celui de la livraison signé et les papiers d'inspection et une visite d'une heure au garage pour faire ajuster ma pédale d'embrayage et prêt pour un autre voyage. Malgré que c'est rof 2 de suite, une fois de temps en temps....
Celui là aura pris 3 jours mais normalement je suis parti environ 30 heures pour un voyage typique.
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